Chapitre III

III

Ma joue retrouve peu à peu sa couleur initiale. Non, elle n’a pas toujours été pourpre. Ma mère ne m’avait jamais giflé auparavant. C’est certainement la douleur d’être veuve qui a fait agir ma mère de la sorte. Paradoxalement, de là où il est, mon père doit savourer sa toute nouvelle liberté, bien mérité.
C’est peut-être également pour cette raison que je ne suis pas si triste quant à sa disparition quelque peu prématurée. Finalement, son destin était certainement de nous dire adieu plus tôt que prévu, pour pouvoir nous voir sous un autre angle.

Mon père ne voulait pas se faire enterré. Il opta pour l’incinération. Pour nous faire ses adieux, il nous avait concocté une petite compilation, composée d’un discours posthume et de douze chansons, pas toutes tristes. Nous sommes réunis autour de son cercueil, il y a beaucoup de personnes que je n’ai jamais rencontrées. D’anciennes connaissances, de mon père, de ma mère, des voisins curieux, des femmes bouffies, des hommes en larmes, des vieilles filles, des faux amis, des vautours, des parasites. Heureusement, il y a aussi ses vrais amis, peu nombreux, mais qui ont toujours été présents. Ils sont à mes cotés. Ma mère est un peu en retrait. Comme le voulait mon père, elle est une veuve magnifique. Toute de noir vêtu, une lueur sombre qui enveloppe chacun de nous. J’appuie sur « play », et la chaîne HiFi lit sereinement le CD noir confectionné par le principal héros de cette journée.

1) Discours
2) Dear Friends
3) My Melancholy Blues
4) Let Me live
5) You’re My Best Friend
6) Love Of My Life
7) Bohemian Rhapsody
You Take My Breath Away
9) Friends Will Be Friends
10) Forever
11) Too Much Love Will Kill You
12) One By One (Only The Good Die Young)
13) Imagine
14) The Show Must Go One

A l’écoute de ce dernier titre, la plus part des visiteurs sont en larmes, sauf les véritables proches, qui ont compris le message.

Derrière un évènement triste doit se cacher un évènement heureux, rien ne se perd. Alors que le cercueil de mon ascendant doit se diriger doucement vers la chaleur éternelle, mes yeux se posent sur ELLE. Je ne sais plus où je suis, comme aspiré de l’intérieur, j’ai l’impression qu’il n’y a plus rien derrière moi, ni devant, ni sur les cotés, ni dessus, ni dessous, je suis dans le vide intersidéral, et devant une telle beauté, je suis intersidéré. Grâce à un phénomène miraculeux, j’arrive à me maintenir sur mes deux jambes. J’ai reçu un électrochoc, une détonation. Ce n’est pas un coup de foudre, car la foudre n’est un phénomène assez puissant pour être digne de cette situation trop faible.
ELLE est là, et me remarque –comme je dois avoir l’air idiot. Mais que fait-ELLE ? ELLE avance vers moi ! J’essaie de me contenir, histoire de ne pas la faire fuir immédiatement. Plus ELLE avance, plus ELLE est belle. Comment est-ce possible, la beauté n’aurait-elle pas de limite ? De quoi ai-je l’air, je dois ressembler à un pou à coté d’ELLE. Je me reprends, en fait, je n’ai rien à gagner, ELLE est si belle que mon célibat n’a rien à craindre, ELLE ne peut pas s’intéresser à moi.
« Mes condoléances. Je sais ce que ça fait de perdre un parent, je suis sincèrement désolée pour toi »

Je n’arrive pas à répondre immédiatement. Je me noie dans ses yeux. Je ne distingue même pas leur couleur. Sont-ils bleus ? Sont-ils verts ? Au bout de quelques secondes, qui parurent des heures, je me décide à lui répondre, sans connaître à l’avance les mots qui sortiraient de ma bouche.
« Tes yeux, ce sont des vrais ? »
ELLE n’a même pas l’air choquée. D’une froideur qui me bouleverse, ELLE me répond :
« Oui, je les ai depuis ma naissance.
- Que fais tu à l’enterrement de mon père ?
- Ma mère le connaissait très bien d’après ce que j’ai cru comprendre.
- Qu’entends tu par très bien ?
- Peut-être ont-ils été amants.
- Et pourquoi auraient-ils rompus ?
- Je ne sais pas, peut-être parce que ton père avait un bras plus long que l’autre. »
Je pensais que cette information était connue uniquement par le cercle familial…
« Et pourquoi ça ne serait pas mon père qui aurait quitté ta mère ?
- Tu crois vraiment qu’il aurait quitté ma mère ? »

ELLE désigne une personne du doigt. Il s’agit de sa jumelle, dotée d’une vingtaine d’années de plus, ce qui me prouve que la beauté n’a pas d’âge.
« Non, c’est vrai, je ne pense pas que l’on puisse délibérément quitter une femme d’une telle beauté - à ce moment, j’ai tout de même un doute, mon père était tout de même Tabapréciste, il aurait très bien pu quitter une femme d’une beauté terrassante – je me demande bien pourquoi les femmes sont si belles, et les hommes si faibles.
- Il faut bien mourir de quelque chose Darling. Mon père est mort d’avoir pu être le mari de ma mère. Peut-être ton père est mort de ne pas l’avoir été… »

Darling ? ELLE se permet des familiarités cette demoiselle. Ca ne me dérange pas, du moment qu’ELLE ne m’appelle pas Gontran ou Philipe. M’étant noyé dans son regard, je n’avais pas remarqué les autres détails de son visage. Je l’observe alors. Je la scrute. Des lèvres délicatement humidifiées, sous un nez fin, qui sembler avoir été dessiné par un peintre analphabète. Quelques tâches de rousseurs ne gâchent pas l’affaire. ELLE replace ses cheveux noirs, volontairement décoiffés derrière des oreilles que l’on aurait envie de croquer ou de placer dans une boite en velours.

Rien à voir avec l’unique petite amie que j’ai eu. Ah, mon ex petite amie ! Il faut que je vous en parle. C’est une perle rare. Un œil bleu, l’autre vert. Une bouche en arc en ciel. Si elle avait eu des cheveux, je suis sur qu’ils auraient été blonds. Vous vous dites sûrement que je suis superficiel. Ce n’est pas le cas. Son physique d’éternelle demoiselle d’honneur n’était qu’un bonus. J’étais tombé amoureux d’elle pour son esprit, sa façon de penser et aussi pour son fameux milk-shake cerise abricot fruits de mer. Sylvaine était anarcho-communiste, parlait couramment l’hébreu, portait des tongues été comme hiver et rougissait quand je l’appelais « mon brugnon ». Sa chanson préférée n’était autre que Obla Di Obla Da des Beatles. Elle jouait de la contrebasse, et travaillait chez un marchand de lézard.
J’avais connu avec elle les heures les plus californiennes de ma vie, mais je dus me résoudre à la quitter, car elle avait un défaut qui me repoussait par-dessus tout : elle ne chantait pas en prenant sa douche.

J’ai donc apparemment à faire au négatif de mon ancienne petite amie. Et pourtant, je la trouve encore plus attirante. Qu’y à-t-il au-delà de la perfection ? ELLE.

A 14 ans, on se pose des questions sur tout, et on se pose surtout des questions. Quand on rencontre la fille tant attendue, on pense le savoir. On en rigolera plus tard, mais sur le moment, on sait que c’est ELLE. A 14 ans, on est encore un enfant, et on n’est pas encore conscient que la vie nous réserve beaucoup de déceptions. Pourtant, on nous a prévenu, mais le meilleur moyen pour apprendre, c’est encore de se tromper. Moi, je vais bientôt me tromper. Car aimer, c’est se tromper. Je ne l’aime pas. Mais plus je vais la connaître, plus je vais l’apprécier, comme l’avait certainement fait mon père avec sa mère. C’est idiot, il s’agit en fait d’une spirale infernale. Peut-être mon fils, mon petit fils, et toute ma descendance passeront par là. Peut-être que l’un de nous arrivera à rompre ce sort, et au fond de moi, j’ai un espoir, et je me dis que ça pourrait être moi. Si l’espoir fait vivre, alors tant qu’ELLE me fera espérer, je vivrai. Nous allons nous quitter, mais nous nous reverrons, souvent. ELLE viendra passer des après midis chez moi. Je serai toujours aussi ébloui par ses gestes et complètement hypnotisé par ses paroles. ELLE ne le remarquera même pas. Heureusement pour moi.

ELLE me sort de mes réflexions de philosophe de supermarché. ELLE doit s’en aller, sa mère doit passer chez le gynécologue. Et là, tout va basculer dans mon esprit… ELLE s’approche de moi, et dépose un tendre baiser sur ma joue. Au même moment, un éclair traverse le ciel qui était encore bleu quelques minutes auparavant. A nos pieds tombe un canard carbonisé, touché par la foudre. Sacrifice divin ?

Chapitre pas très Tabapréciste, je vous l'accorde, mais faut bien faire avancer l'histoire quand meme

Nouveau, version Word disponible sur http://site.voila.fr/livre-tabapreciste/III.doc, voila

tin c'est beau!!!

Ah bon? C'etait pas vraiment le but, mais bon...

javé pa vu qu'il y avait le chap3. C sympa, ca se lit sans faim. En effet t'as une réelle primauté sur ELLE.

Merci d'avoir remarqué....

III

Ma joue retrouve peu à peu sa couleur initiale. Non, elle n’a pas toujours été pourpre. Ma mère ne m’avait jamais giflé auparavant. C’est certainement la douleur d’être veuve qui a fait agir ma mère de la sorte. Paradoxalement, de là où il est, mon père doit savourer sa toute nouvelle liberté, bien mérité.
C’est peut-être également pour cette raison que je ne suis pas si triste quant à sa disparition quelque peu prématurée. Finalement, son destin(1) était certainement de nous dire adieu plus tôt que prévu, pour pouvoir nous voir sous un autre angle.

Mon père ne voulait pas se faire enterré. Il opta pour l’incinération. Pour nous faire ses adieux, il nous avait concocté une petite compilation, composée d’un discours posthume et de douze chansons, pas toutes tristes. Nous sommes réunis autour de son cercueil, il y a beaucoup de personnes que je n’ai jamais rencontrées. D’anciennes connaissances, de mon père, de ma mère, des voisins curieux, des femmes bouffies, des hommes en larmes, des vieilles filles, des faux amis, des vautours, des parasites. Heureusement, il y a aussi ses vrais amis, peu nombreux, mais qui ont toujours été présents. Ils sont à mes cotés. Ma mère est un peu en retrait. Comme le voulait mon père, elle est une veuve magnifique. Toute de noir vêtu, une lueur sombre qui enveloppe chacun de nous. J’appuie sur « play », et la chaîne HiFi lit sereinement le CD noir confectionné par le principal héros de cette journée.

1) Discours
2) Dear Friends
3) My Melancholy Blues
4) Let Me live
5) You’re My Best Friend
6) Love Of My Life
7) Bohemian Rhapsody
8 ) You Take My Breath Away
9) Friends Will Be Friends
10) Forever
11) Too Much Love Will Kill You
12) One By One (Only The Good Die Young)
13) Imagine
14) The Show Must Go One

A l’écoute de ce dernier titre, la plus part des visiteurs sont en larmes, sauf les véritables proches, qui ont compris le message.

Derrière un évènement triste doit se cacher un évènement heureux, rien ne se perd. Alors que le cercueil de mon ascendant doit se diriger doucement vers la chaleur éternelle, mes yeux se posent sur ELLE. Je ne sais plus où je suis, comme aspiré de l’intérieur, j’ai l’impression qu’il n’y a plus rien derrière moi, ni devant, ni sur les cotés, ni dessus, ni dessous, je suis dans le vide intersidéral, et devant une telle beauté, je suis intersidéré. Grâce à un phénomène miraculeux, j’arrive à me maintenir sur mes deux jambes. J’ai reçu un électrochoc, une détonation. Ce n’est pas un coup de foudre, car la foudre n’est un phénomène assez puissant pour être digne de cette situation trop faible.
ELLE est là, et me remarque –comme je dois avoir l’air idiot. Mais que fait-ELLE ? ELLE avance vers moi ! J’essaie de me contenir, histoire de ne pas la faire fuir immédiatement. Plus ELLE avance, plus ELLE est belle. Comment est-ce possible, la beauté n’aurait-elle pas de limite ? De quoi ai-je l’air, je dois ressembler à un pou (2) à coté d’ELLE. Je me reprends, en fait, je n’ai rien à gagner, ELLE est si belle que mon célibat n’a rien à craindre, ELLE ne peut pas s’intéresser à moi.
« Mes condoléances. Je sais ce que ça fait de perdre un parent, je suis sincèrement désolée pour toi »

Je n’arrive pas à répondre immédiatement. Je me noie dans ses yeux. Je ne distingue même pas leur couleur. Sont-ils bleus ? Sont-ils verts ? Au bout de quelques secondes, qui parurent des heures, je me décide à lui répondre, sans connaître à l’avance les mots qui sortiraient de ma bouche.
« Tes yeux, ce sont des vrais ? »
ELLE n’a même pas l’air choquée. D’une froideur qui me bouleverse, ELLE me répond :
« Oui, je les ai depuis ma naissance.
- Que fais tu à l’enterrement de mon père ?
- Ma mère le connaissait très bien d’après ce que j’ai cru comprendre.
- Qu’entends tu par très bien ?
- Peut-être ont-ils été amants.
- Et pourquoi auraient-ils rompus ?
- Je ne sais pas, peut-être parce que ton père avait un bras plus long que l’autre. »

Je pensais que cette information était connue uniquement par le cercle familial…

« Et pourquoi ça ne serait pas mon père qui aurait quitté ta mère ?
- Tu crois vraiment qu’il aurait quitté ma mère ? »

ELLE désigne une personne du doigt. Il s’agit de sa jumelle, dotée d’une vingtaine d’années de plus, ce qui me prouve que la beauté n’a pas d’âge.
« Non, c’est vrai, je ne pense pas que l’on puisse délibérément quitter une femme d’une telle beauté - à ce moment, j’ai tout de même un doute, mon père était tout de même Tabapréciste, il aurait très bien pu quitter une femme d’une beauté terrassante – je me demande bien pourquoi les femmes sont si belles, et les hommes si faibles.

- Il faut bien mourir de quelque chose Darling. Mon père est mort d’avoir pu être le mari de ma mère. Peut-être ton père est mort de ne pas l’avoir été… »

Darling ? ELLE se permet des familiarités cette demoiselle. Ca ne me dérange pas, du moment qu’ELLE ne m’appelle pas Gontran ou Philipe. M’étant noyé dans son regard, je n’avais pas remarqué les autres détails de son visage. Je l’observe alors. Je la scrute. Des lèvres délicatement humidifiées, sous un nez fin, qui sembler avoir été dessiné par un peintre analphabète. Quelques tâches de rousseurs ne gâchent pas l’affaire. ELLE replace ses cheveux noirs, volontairement décoiffés derrière des oreilles que l’on aurait envie de croquer ou de placer dans une boite en velours.

Rien à voir avec l’unique petite amie que j’ai eu. Ah, mon ex petite amie ! Il faut que je vous en parle. C’est une perle rare. Un œil bleu, l’autre vert. Une bouche en arc en ciel. Si elle avait eu des cheveux, je suis sur qu’ils auraient été blonds. Vous vous dites sûrement que je suis superficiel. Ce n’est pas le cas. Son physique d’éternelle demoiselle d’honneur n’était qu’un bonus. J’étais tombé amoureux d’elle pour son esprit, sa façon de penser et aussi pour son fameux milk-shake cerise abricot fruits de mer. Sylvaine était anarcho-communiste, parlait couramment l’hébreu, portait des tongues été comme hiver et rougissait quand je l’appelais « mon brugnon ». Sa chanson préférée n’était autre que Obla Di Obla Da des Beatles. Elle jouait de la contrebasse, et travaillait chez un marchand de lézard.
J’avais connu avec elle les heures les plus californiennes de ma vie, mais je dus me résoudre à la quitter, car elle avait un défaut qui me repoussait par-dessus tout : elle ne chantait pas en prenant sa douche.

J’ai donc apparemment à faire au négatif de mon ancienne petite amie. Et pourtant, je la trouve encore plus attirante. Qu’y à-t-il au-delà de la perfection ? ELLE.

A 14 ans, on se pose des questions sur tout, et on se pose surtout des questions. Quand on rencontre LA fille tant attendue, on pense le savoir. On en rigolera plus tard, mais sur le moment, on sait que c’est ELLE. A 14 ans, on est encore un enfant, et on n’est pas encore conscient que la vie nous réserve beaucoup de déceptions. Pourtant, on nous a prévenu, mais le meilleur moyen pour apprendre, c’est encore de se tromper. Moi, je vais bientôt me tromper. Car aimer, c’est se tromper. Je ne l’aime pas. Mais plus je vais la connaître, plus je vais l’apprécier, comme l’avait certainement fait mon père avec sa mère. C’est idiot, il s’agit en fait d’une spirale infernale. Peut-être mon fils, mon petit fils, et toute ma descendance passeront par là. Peut-être que l’un de nous arrivera à rompre ce sort, et au fond de moi, j’ai un espoir, et je me dis que ça pourrait être moi. Si l’espoir fait vivre, alors tant qu’ELLE me fera espérer, je vivrai. Nous allons nous quitter, mais nous nous reverrons, souvent. ELLE viendra passer des après midis chez moi. Je serai toujours aussi ébloui par ses gestes et complètement hypnotisé par ses paroles. ELLE ne le remarquera même pas. Heureusement pour moi.

ELLE me sort de mes réflexions de philosophe de supermarché. ELLE doit s’en aller, sa mère doit passer chez le gynécologue. Et là, tout va basculer dans mon esprit… ELLE s’approche de moi, et dépose un tendre baiser sur ma joue. Au même moment, un éclair traverse le ciel qui était encore bleu quelques minutes auparavant. A nos pieds tombe un canard carbonisé, touché par la foudre. Sacrifice divin ?

(1) Le mot « destin » est ici employé comme synonyme de « dernière volonté », car ni lui ni moi ne croyions à la destinée.

(2) Je tiens à m’excuser au près du peuple des poux, ils ne méritaient pas cette comparaison douteuse.

ELLE, ELLE, toujours ELLE.

C'est très bien, hé, malgré le "il faut que je vous en parle" car dans les chapitres précédents tu ne t'adressais pas directement au lecteur, ce qui peut le choquer...enfin MOI ça m'a gêné...je suis difficile comme fille!!!LOL
Bref, mis à part ce petit défaut...c'est bien d'avoir introduit l'ex ici! Tu y tiens beaucoup à cette ex aux deux yeux différents!!!
Voilà,voilà....

Pourquoi dis tu que je tiens beaucoup à cette fille aux yeux différents?