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 Ida

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Ida
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D'ou viens tu : D’un cimetière immense et froid, sans horizon, où gisent, aux lueurs d’un soleil blanc et terne...
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MessageSujet: Ida   Ida EmptySam 16 Avr - 23:06

Samedi 16

Il me semble que des années se sont passées entre cet après midi et ce soir. Que d’événements ! Comme si ma vie entière s’était mise tout à coup à jouer la vie de quelqu’un d’autre. Cependant je ne trouve pas des mots pour raconter toute cette richesse ; à l’inverse, quand il ne se passe rien, j’ai l’embarras du choix, au point que les 312 000 mots de la langue française me semblent mesquins. Alors il faut que je fasse un gros effort de volonté pour ne pas rajouter ceux que je connais en espagnol, italien, anglais, grec et latin et réussir ainsi à doter ma réalité d’un outil à sa hauteur.

Oui, en effet, je mène une vie intense dernièrement. A 15H00 (jennifer venait de partir pour aller chez sa grand-mère) on a sonné à ma porte. Je n’avais pas envie de répondre car je lisais dans mon fauteuil, paresseusement collée à la peau de vache. Soudain, une mouche a atterri sur le mot « pénis », visiblement excitée. « Il faut absolument que tu ouvres la porte », chuchota-t-elle. « Jean Yves t’apporte un livre initiatique qui bouleversera ton existence.» (Jean Yves est mon voisin du dessus et je crois qu’il me drague subtilement.)

J’étais épouvantée : une mouche m’avait parlé. Qu’est-ce que cela pouvait-il bien signifier ? J’ai vu surgir dans mon imagination plein de réponses possibles que j’ai essayé d’interpréter à l’aide de ma raison. Il a dû passer beaucoup de temps car en ouvrant la porte il n’y avait plus personne.


Dernière édition par le Ven 22 Avr - 19:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyDim 17 Avr - 19:49

dimanche 17

J’ai à nouveau mal aux dents, pourtant je ne mange plus de figolu.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyLun 18 Avr - 14:21

Lundi 18

« Ne jamais oublier que la sclérose du cristallin commence à 25 ans.» Jules Romains.

Si ça faisait mal la sclérose du cristallin, comme celle des dents, on ne l’oublierait certainement pas, Jules Romains.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyLun 18 Avr - 22:50

Mardi 19

Voltaire sur son lit de mort : « je perds mes dents, je meurs en détail.»

Sacré Voltaire, je parie ma trousse qu’il se serait arrêté de mourir s’il lui y était venu un bon mot. Compliquée cette phrase…


P.S : il est toujours lundi, mais je vais me coucher : c’est comme si c’était déjà mardi.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyMar 19 Avr - 20:03

Mercredi 20

Je suis allée voir mon dentiste, il m’a dit qu’il faut que j’arrête le chocolat car mon émail est trop fragile. C’est facile à dire. Pourtant dans la salle d’attente, une affiche m’a fait peur : des dents énormes en perspective s’éloignant d’un quai, comme des bateaux à la dérive et une inscription digne de l’oracle de Delphes : « un jour, vos dents largueront leurs amarres »

Je ne veux pas mourir en détail, c’est fini le chocolat. Ce n’est pas la pulsion du désir mais l’acte de la volonté qui est l’expression de la personnalité.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyMer 20 Avr - 15:15

jeudi 21

Avec cette histoire de dents je n’ai vraiment pas eu le temps de penser à autre chose.

J’ai été chez jennifer. Elle m’a raconté les travaux de sorcellerie qu’elle fait. Sceptique, j’ai examiné les objets réunis dans une casserole en métal : de l’encens, du sable, une photo de son ex, du miel et une pair de chaussettes trouées lui appartenant.

Jennifer avait un copain, Sébastien. Je le connais : c’est un concentré de parasitisme et d’asociabilité. Dès qu’il est sorti de prison il a cambriolé une pharmacie rue Kervégan. Jennifer m’a montré une partie du butin : un sac plein de patches de morphine. Tout de suite je me reconnecte ce qui se traduit par la lueur intense dont je fixe ses pupilles :

« T’as essayé ? »
« Pas encore, j’avais peur de le faire toute seule »
« Me voilà. On va se coller ces patches ensemble, si ça sert pour les cancéreux, ça peut servir pour nous aussi »
« Mais on a déjà fumé, on pourra pas déterminer quelles sont les sensations produites par la morphine »
« Mais si. Toutes les sensations nouvelles, inconnues, on les imputera au patch »
« Et on prend quelle couleur ? Il y en a 5 »
« Nous ne sommes pas heureuses mais nous ne sommes malheureuses non plus. On prend celui du milieu, le bleu. »

Alors jennifer proteste. Elle veut le plus fort, l’orange. Elle dit qu’elle est très très malheureuse. Elle argumente. Je la persuade :

« Tu crois que tu es malheureuse mais tu ne l’es pas vraiment. C’est une illusion. Je te conseille le bleu, comme moi. »
« Ok, puis on va jouer au scrabble »
« Puis on va jouer au scrabble »

Nous avons relevé les manches de nos pulls pour coller des petits patches au niveau de nos petits biceps musclés. On pouvait les garder jusqu’à 72 heures. Puis j’ai profité de son passage aux toilettes pour dérober un paquet d’oranges (dans chaque paquet il y a 100 patches.) Comme on dit chez moi : voleur qui vole à un autre voleur, a 100 ans de pardon. Surtout s’il est discret.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyVen 22 Avr - 19:14

vendredi 22

Je constate avec stupeur que j’ai une journée de décalage parce que lundi je m’étais couchée plus tôt. Je vais donc attendre demain pour poursuivre mon journal en temps réel, comme on dit.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptySam 23 Avr - 16:44

samedi 23

Il faut que je trouve une combine pour ne pas répéter : aujourd’hui, hier, ce matin…ça abîme le style de mon journal.

Comment pourrais-je donner des indices temporels autrement ? Voilà ce qui va me donner matière à réflexion pour ce WE que je compte passer à saint mars.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyLun 25 Avr - 17:00

Dimanche 24

En cette belle journée qui se couche je me sens poétique, plus précisément lyrique. Et de surcroît je vais mettre en pratique le fruit de mes dernières réflexions, celui qui est tombé ce WE. C’était peut-être à cause du vent ou du soleil ou du chant des oiseaux, que sais-je ? Mais il est certain que mes neurones ont été vachement productives ce WE, à la vue de cet adolescent blond qui tondait la pelouse torse nu, devant un champ de tournesols. Et à chaque fois que je vois une congrégation de ses fleurs je peux pas m’empêcher de penser à ce pauvre de Vincent, pensée scandaleuse j’en conviens car (ici mettre chiffres d’enfants africains qui crèvent de malnutrition) et ces malheureux ne m’inspirent aucune pensée quand je vois les restes de mon assiette.

L’adolescence fini le travail. Toujours avec le bout du nez perlé de gouttelettes, souvenir de l’effort, il a joué à la pétanque avec 2 copains tous les 3 blonds et torse nu. Moi, j’étais confortablement allongée sur une chaise longue, tellement longue que j’avais aucun mal à voir mes pieds ; mais quel intérêt pouvait-il bien présenter la vue de mes pieds puisque des Apollons en chair et à moitié dévêtus jouaient à la pétanque ? En plus, je fantasmais qu’ils jouaient pour moi. Entre mes mains, frêles et délicates, je tenais un livre pour faire semblant de lire : Athènes. Mais ça va de soi, je n’ai rien lu du tout. Je veux dire, dans le bouquin. Toutefois j’ai tout lu. Et sans vouloir être insolente, la vrai vie n’est pas la littérature sauf peut-être si on est abattu, abandonné, déprimé, névrosé au point de ne plus pouvoir rester en silence sur une chaise longue.


P.S monsieur Hulot n’a toujours pas retrouvé sa pipe.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyLun 25 Avr - 17:03

Lundi 25

Je viens de relire mon journal et de me rendre compte que le personnage principal malgré la surabondance de « je » ce n’est pas moi mais lui. J’écris ce journal pour parler de ce journal, j’exagère peut être un peu mais j’ai besoin d’une excuse pour parler. Ça ne veut pas dire que je n’ai rien à dire, ce serait abusif, ni que je veux consciemment faire de métadiscours, ce serait prétentieux. Mon problème c’est que pour dire quelque chose il me faut une excuse, comme si la chose en elle-même ne se suffisait pas. Pareil pour les baisers : j’arrive pas à embrasser un garçon que s’il est très malade ou s’il risque sa vie. Philippe, par exemple, je l’avais embrassé pour la première fois le jour où il partait pour la Palestine et qu’un groupe de français venait de faire bouclier humain pour empêcher qu’on descende Arafat. Il y avait d’autres nationalités, mais les français étaient majoritaires.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyMer 27 Avr - 21:56

Mardi 26

Je me rends compte grâce à cet accident de France télécoms qui m’a empêché de me connecter à Internet de l’importance presque tragique qui a pris mon journal. Et cet accident n’a duré que 24 heures. En effet, je n’aurais jamais imaginé que tenir un journal publique pouvait rendre ma vie si passionnante, comme quoi il ne faut pas attendre que l’imaginaire fasse tout.

Heureusement le service est rétabli ce qui ne justifie absolument pas que je fasse la délicate comme ce marcel qui envoie son personnage « au petit cabinet sentant l’iris » lorsqu’il veut suggérer ses activités onanistes. Moi, le deuxième moment le plus fort de ma journée c’est vers minuit : je me masturbe. Je sens ma main qui sépare les mèches de mes cheveux, les étire poussant gentiment comme si c’était la main de Philippe et non la mienne ; elle ouvre ma chemise de nuit et parcourt toute ma poitrine couverte des frissons, des poils de douce texture et la poitrine s’élève et se déprime comme si elle n’avait aucun effort à fournir pour atteindre le rythme du désir. Elle relâche aussi la fermeture de mon pyjama, tout pourri, et glisse entre mes cuisses, caresse la peau tiède pleine de grains minuscules qui se déplacent comme des vagues. Déployant complètement le bras surprend les jambes chaudes et rigides. A ce moment, vers minuit, les lumières de la rue expirent sans un sanglot et j’éteinds aussi ma vieille lanterne. Le va et bien de sa respiration devient une présence imposante qui descend dans mes eaux immobiles chassant toutes les grenouilles.

La main se pose, sereine, sur le visage. On dirait un masque que, relié à un ballon d’oxygène dégage harmonieusement des bouffées d’existence à un malade abandonné à son lit. La main reçoit mes baisers, de plus en plus tendres et à chaque fois qu’elle se retire un soupir s’évade et donne plus de profondeur à la nuit. Ludique, pour faire naître la peur d’un départ définitif dans cet esprit naturellement frileux, elle fait semblant de s’endormir sur le nombril. Celui-ci reçoit sa chaleur d’un gai sursaut. Soumis comme un magnolia au petit matin il se laisse parcourir par un index entreprenant qui fait des tours bidirectionnels et opère de légères pressions. Toute ma vie se soulève et chasse les poussières de l’indifférence et de l’oubli comme si ce dieu de l’olympe déguisé en brise citadine ne voulait me posséder qu’en aspirateur géant, sauvage et tendre ventouse, bougeant délicieusement, des caresses profondes aspirant mes dernières résistances. Alors c’est le mystère cosmique.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyMer 27 Avr - 21:58

mercredi 27

Ça me saoule, les révisions. Pour me reposer, analyser l’art poétique de Claire Z notamment ce poème :

Fermer les yeux pour faire
Caca dans un tunnel bleu
Et ouvrir les jambes pour dire : ah !...
Je ne savais pas qu’il était
Là, le christ! Le christ! Le christ !
Et traverser sans l’ombre d’un sourcil
Les églises de la ville.
Ecouter les messes et respecter les cloches
Et traverser sans habits le cœur d’un mouton
Pour dire : ah !... Je ne savais pas
Que de la laine on faisait des troupeaux.
Le pénis ! Le pénis ! Le pénis ! Je veux
L’avoir sur ma jambe entouré
D’un ruban rouge.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyMer 27 Avr - 22:02

jeudi 28

Ce matin je me suis réveillée avec des envies violentes d’être maman, accompagnées de ce dialogue imaginaire :

Papa : mon amour, jusqu’à quand penses-tu rester là, à regarder notre bébé ?
Maman : c’est qu’il est trop beau
Papa : mais quand il sera grand, il deviendra laid, comme nous.
Maman : alors j’y resterai jusqu’à ce qu’il grandisse. Ensuite on fera un autre bébé.
Papa : ça sera plus possible, nous serons trop vieux pour procréer.
Maman : alors on l’achètera, l’autre bébé.
Papa : ça sera pas pareil, il n’aura pas nos ADN.
Maman : j’ai une idée : on laisse dans une banque de sperme un peu de mes ovules et un peu de tes spermatozoïdes et dès qu’on aura besoin d’un autre bébé, on fait décongeler tout ça.
Papa : qu’est-ce que tu peux être intelligente, mon amour…je t’adore. Avec toi j’aurai la plus belle famille du monde.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyVen 29 Avr - 21:29

Une espèce de fatalité accompagne la tombée amoureuse. J’avais de chaussettes à acheter, mes favorites sont en coton avec des dessins de petites bêtes, oiseaux ou lapins en couleurs pour me sentir véloce au moment de faire mon jogging au bord de l’Erdre. Les chaussettes et les tennis sont fondamentaux ainsi que la qualité de l’air. C’est pour ça que je ne cours qu’au bord de ce fleuve tranquille, abondant, un peu sale qui traverse Nantes avec la majesté d’une mère de famille africaine couverte d’enfants comme un pommier lourd de pommes. Faire du jogging est très important pour moi. Au point que j’ai laissé tout ce que j’avais à faire pour aller acheter un pair de chaussettes. J’aurais en acheté plusieurs pour ne pas avoir à renouveler l’opération d’ici quelques semaines mais, hélas, je n’avais pas assez d’argent pour prendre un lot de trois pour le prix de deux.

Bref, j’ai marché à travers les rues nantaises. Mes pas me conduisaient avec un enthousiasme invraisemblable vers le magasin le plus proche et le moins onéreux. Il ne me manquait plus que trois cent mètres à parcourir mais la fatalité existe, maîtresse de Satan, un peu salope pour être à l’hauteur de son maître, à peine se rend-elle compte que quelqu’un veut lui échapper qu’elle déploie ses moyens et elle en a des moyens ! Pour l’attraper elle l’encercle, s’enroule autour de son corps, immerge sa mémoire dans une nébuleuse d’huile et d’oubli épais. Au moment où j’ai passé devant ce vendeur d’instruments de musique j’ai oublié mes chaussettes. Je les ai oubliées complètement. Mon émotion s’est déclenchée d’une façon automatique et j’ai expulsé un cri d’amour en même temps, comme on expulse par le vagin le fruit de l’amour, c’est-à-dire un bébé. Mon esprit n’avait jamais été aussi pauvre et riche à la fois devant cette vitrine de la confusion. La possibilité de m’évader était nulle : le vendeur me regardait. Il s’est approché de moi. Avec la proximité j’ai remarqué que son visage luisait comme celui d’un saint, je soupçonnais même l’ombre d’une auréole dorée autour de ses cheveux blonds. Mais il n’a pas pu m’adresser la parole. Il a fait le geste, l’effort, surtout au niveau de sa poitrine que je voyais contractée à l’infini, désespérée de ne pas pouvoir envoyer l’air nécessaire vers les cordes vocales qui attendaient elles aussi noyées par l’angoisse. J’ai compris tout de suite sa souffrance car je ressentais la même chose, le même étouffement douloureux devant cet être divin entouré de guitares, violons, harpes et autres instruments à cordes.

-non, non –dis-je, pâle, désaccordée, tremblant de froid, pliant mon âme sous un air lointain de tango. Il faut que je disparaisse. Le regard perdu dans l’horizon j’ai disparue, en courant. Mais il y avait dans ma chaussure droite un gros caillou qui me gênait.



Conséquences de ce coup de foudre : j’ai pas pu faire du jogging au bord de l’Erdre et j’ai perdu un temps fou à acheter des chaussettes en grande surface. Mais j’ai couru quand même : fatalité, quand tu nous tiens…
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyVen 29 Avr - 21:31

J’ai la mauvaise habitude de ne pas ouvrir ma boîte aux lettres : je me contente de prendre les enveloppes qui dépassent. Mais quand il y a un petit mot, comme celui de jean Yves où il me disait de passer chez lui de préférence avant le jour X, où il partait en déplacement, alors là je m’en veux, beaucoup et pendant longtemps.

Il faudra que j’attende 3 semaines avant d’avoir mon cadeau initiatique, ça m’apprendra à économiser de l’énergie dans des travaux insignifiants.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyJeu 5 Mai - 20:36

WE a la campagne, le but : changer d’air, travailler au soleil, entendre les oiseaux, ça fait rien si je trouve qu’ils font du bruit, que je suis mieux en ville. Ça m’angoisse le bruit de ces putains de sales bêtes. Mais je suis à la campagne. Il faut aller vers la nature de temps en temps ça fait partie d’une bonne hygiène de vie. Pourtant je n’ai pas de chance. Je suis merveilleusement accueillie chez un copain qui n’est pas pour ainsi dire un passionné de littérature, il n’y a pas de bibliothèque chez lui, il n’a jamais lu Gide mais hélas la première chose qu’il fait quand je m’installe sur son lit pour bosser, car bien évidemment j’allais pas fatiguer mes neurones sous un arbre ça c’était juste de la théorie, c’est poser sur mes jambes une vingtaine de bouquins. Vraisemblablement il veut me prouver qu’il lit et/ou effleurer mes jambes au passage. Alors que je m’en fout si les gens lisent ou pas, surtout que les meilleurs baiseurs sont analphabètes ou presque. Sauf Jim Morrison. Quand je dis que je n’ai pas de chance je fais un constat, ni plus, ni moins : environs 10 bouquins de Werber, les autres d’Amélie nohtomp ou quelque chose comme ça. C’est bizarre. Il ne lit pas le pote mais il doit avoir les œuvres complètes de ces deux auteurs….je prends une Amélie au hasard, je l’ouvre au milieu, je lis. Non. Ce n’est pas possible. C’est un complot. Je me trompe. Non. Je sais que je ne me trompe pas. Le gamin qui traverse la campagne d’aix en provence avec son père et regardant un homme qui fait de la peinture le pointe de son index : regarde papa, c’est Cézanne. Comment t’as fait pour savoir que c’est lui, demande l’ignorant, très étonné. Réponse : parce qu’il est en train de peindre un Cézanne. Ce gamin là je le connais. Il se fout de la gueule de son père, il sait qu’en Aix en Provence il n’y a qu’un peintre : Cézanne.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyJeu 5 Mai - 20:37

Au moment où mon ex a appelé je me brossais les dents, c’est Séraphin, mon ancien colocataire qui a décroché le téléphone et reçu le premier air glacial. Le deuxième ce fut moi :

Philippe : je m’inquiétais pour toi, on m’a dit que tu n’allais pas bien.
Moi : tu changes pas, toujours la manie du « on ». C’est gentil, ça va mieux.
Philippe : si ça allait vraiment bien, tu ne serais pas accompagnée.
Moi : je ne le suis pas.
Philippe : excuse-moi, tu devais pleurer au moment où t’as décroché, je n’ai pas reconnu ta voix.
Moi : ne fais pas ton drôle, tu sais très bien que c’est le majordome qui décroche.
Philippe : alors tu dois en avoir un nouveau, celui que tu avais quand on habitait ensemble exhibait une voix moins éraillée.
Moi : il était adolescent à l’époque, il a vieilli depuis.
Philippe : et le téléphone, toujours sur la p’tite table rouge ?
Moi : tous les meubles, tous les objets sont à leur place, à la même place qu’il y a 3 jours quand tu es passé me voir.
Philippe: j’ai du mal à te croire sur parole, je te connais, pour chaque vérité tu dis trois mensonges. Puis-je passer vérifier qu’ils sont bien à leur place ?
Moi : qu’est-ce que ça peut te faire s’ils sont à leur place ou pas ? Et de toutes façons maintenant je peux pas, je vais célébrer la mort du pape avec les autres membres d’athéisme et liberté.
Philippe : il te drague toujours, le président de l’assos ?
Moi : il vient à toutes les réunions et festivités accompagné de son épouse.
Philippe : alors il te drague toujours. Affaiblie comme tu l’es en ce moment, ce soir il vaut mieux que je t’accompagne.
Moi : merci, mon champion, mais j’y avais pensé. J’emmène le majordome.
Philippe: à mon avis, tu exploites cet homme, ça fait pas parti de ses fonctions d’être traîné par tout comme le perroquet de Chavez. Bien sûr, c’est joli les discours contre la plus-value, le capitalisme et tout le tralala pourvu que ça reste dans la théorie.
Moi : je te rappelle qu’il ne se plaint pas.
Philippe: c’est normal, s’il se plaint tu le vires. Avec moi c’était pareil.
Moi : veux-tu rappeler demain stp, là il faut que j’aille, je vais rater la marseillaise.
Philippe : j’appelle pas je passe vers 20 heures, sinon je risque de tomber à nouveau sur ton majordome. J’apporte quelque chose ?
Moi : une livrée resplendissante.
Philippe : de quelle couleur tu la veux ?
Moi : je te laisse choisir.
Philippe : amuse-toi bien avec tes mécréants.
Moi : merci, à demain.



Souvent quand on se parle c’est comme ça, on voit pas le temps passer. Quand on était ensemble c’était pire, que de journées perdues, à rien faire du tout, un défilé verbal à la place du couple. On n’a jamais été un vrai couple. Heureusement qu’on n’est plus ensemble.

Plus tard sur mon lit avant de m’endormir je m’amusais à deviner la couleur qu’il choisirait pour la livrée. J’étais sûre que ce serait rouge, mais comme il devinait mes certitudes, il choisirait une autre couleur juste pour me faire échouer et chier. Ça clame vengeance.

Maintenant que je réfléchis, j’ai oublié de lui dire qu’invention et mensonge ce n’est pas de synonymes.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptySam 7 Mai - 22:06

Terminée l’analyse de l’art poétique de Claire Z.

Substantifs qui se répètent : pénis (57 fois !), bite, phallus, stèle, poteau, flèche, lance, colosse, serf volant, verge, couilles, anus.

Verbes qui se répètent : étrangler, pourrir, dépouiller, glacer, geler, briser, piétiner, cracher, écraser, craquer, salir, casser, écoeurer, enfoncer, saccager, détériorer, déprécier, ruiner.

Il paraît que ces champs sémantiques renvoient aux théories philosophiques de Claire Z basées sur le principe de la destruction sexuelle régénératrice mais elle a toujours refusé de pousser ses raisonnements jusqu’au nihilisme. Comme je le dis très souvent, sans système philosophique personnel il est impossible d’écrire de la littérature. Proust a pu écrire La Recherche parce qu’il avait suivi les cours de Bergson à la Sorbonne.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptySam 7 Mai - 22:09

Souvent je me demande comment font-ils pour vivre dans l’eau. Je parle de poissons.
Ils semblent tellement à l’aise.

Mais vivre dans l’eau ne veut pas dire forcément qu’on vit bien dans l’eau, l’angoisse d’un poisson, ça ne se voit pas, pas celle de ceux qui sont en liberté. Les autres, au musée de sciences naturelles ont exactement le même regard que moi des fois. Je n’ai donc rien à leur envier et en plus, leurs yeux sont une serrure par laquelle les voyeurs visiteurs de musées peuvent saisir un instant de la souffrance d’autrui, tandis que moi, je peux mettre mon âme à l’abri de curieux grâce aux lunettes de soleil. Et de toutes façons, les poissons pourraient peut-être se poser la même question que moi : comment font-ils, les humains, pour vivre sur terre ? Car je me pose les deux questions. Même une troisième : Ai-je un regard de poisson ? Quatrième : Puis-je éviter la répétition du mot poisson lorsque je parle de poissons ? Sixième : Comment m’y prendre ? S’il n’y avait pas les partiels, ce cortège de questions bonnes pour gaspiller son énergie vitale, qui dans mon cas n’est jamais suffisante, s’éteindrait jusqu’à l’infini imaginable. « si » n’aime pas le « rai », c’est Philippe qui m’a apprit ça. Philippe comme Philippe II, Philippe III, Philippe IV…j’aurais préféré m’appeler Margot. Et baiser de mignons inconnus qui refuseraient de m’enlever le masque. Pourquoi ?
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyVen 13 Mai - 22:42

Sale journée où pour la première fois de ma vie j’ai eu un choix difficile à faire : acheter du lait ou acheter du vin.

Pour oublier ma pauvreté je me suis saoulé la gueule. Ai-je le droit de parler de pauvreté lorsqu’il y a beaucoup qui crèvent de faim au tiers monde ? bien évidement que j’ai le droit d’en parler, c’est mon droit le plus intéressant d’ailleurs. Et tant pis pour ceux qui ne l’ont pas. Un droit qu’il s’agisse de parler, de manger ou d’autre chose, ça ne se demande pas, un droit se conquiert par n’importe quel moyen y compris l’épée.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyVen 13 Mai - 22:44

Des exercices ! Des exercices ! Des exercices !...et ma main vole vélocement sur la feuille, saupoudre sa blancheur de signes bleus. « Transformer au passé simple. Utiliser le futur immédiat. Décrire l’image. Au boulot, Benjamin, t’as 10 minutes pour faire tout ça ; il est 5 heures. » « Mais c’est trop ! Et je suis très fatigué… » « J’ai l’impression que tu es né fatigué. » Alors ses beaux yeux émeraude profondément las s’enfoncent dans le cahier, ce qui me rend capable de faire n’importe quoi pour lui plaire. « Mais tu sais, je suis né fatigué est la première phrase d’un roman de Butor, et sa fatigue ne lui a pas empêché de devenir un de plus remarquables représentants du nouveau roman. » et la tête de l’enfant se redresse avec une rapidité insolite chez lui, son visage est radieux. « C’est quoi, le nouveau roman ? On ne raconte rien, juste un hommage aux mots ? On passe dix pages à parler d’un mur blanc ? Et tu aimes ça, toi ? ». « Non, ça me fait chier le nouveau roman. » Puis je rajoute juste pour moi : ce sont tes yeux que j…et là je m’arrête, juste à temps pour éviter une noyade dans les eaux vertes, profondément vertes de son visage angélique.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyVen 13 Mai - 22:49

Je viens de raconter à un ami que j’arrête pas de pleurer un ce moment. Il m’a conseillé de boire moins d’eau. Il est peut-être temps de changer d’ami ou de me mettre au prosac. Car les asanas et les poèmes ça s’avère efficace pour les déprimes légères mais dans mon cas ça fait longtemps que j’ai dépassé le stade de la légèreté dépressive.

L’origine de mon mal c’est que je suis née sans avoir envie de naître. Si l’on m’avait laissé le choix j’aurais dit à mon futur père : mets un préservatif, stp.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyVen 13 Mai - 22:55

J’avais écrit ce poème pour le poster sur un autre site mais je n’ai pas pu me connecter. C’est un site qui confronte souvent de problèmes techniques. Je vais le mettre là, vu qu’il est déjà écrit il faut bien qu’il serve à quelque chose.


Titre : Si je pourrais chanter plus beau

(Où le poète chante sa joie devant la perfection de son maître et se lamente de la pauvreté de son art, incapable de la rendre dans toute sa splendeur)


O Maître ! Créature vertueuse,
Ne t’inquiète pas inutilement.
Le corps ne vaut rien nu ou habillé
A l’heure où sonne la faucheuse.
J’ai vu des récipients charnels où les vers
Sortant de la terre étaient sans cesse
Prêts à dévorer jusqu’au dernier lambeau ;
Mais le cœur, ah ! Le cœur, ce n’est pas du tout
La même chose. Le cœur est immortel : les vers
N’apprécient guère la chair d’un muscle si fragile.

S’il ne te faut, mon Maître adoré,
Qu’une parole d’un cœur pur (voire deux, trois, quatre…
Bref, autant qu’il t’en faudra)
Et qu’un jet de mon encre noire,
Je te les donnerai sans peine : rien ne serait
Plus normal. Mais il ne faut pas que tu pleures
Devant mes mots immortels :
Éjacule sans souffrir, cher ami.
Que le souvenir radieux de mon âme excellente
Ne ronge pas ton cœur au moment des étreintes.

Est-ce toi dont le message m’appelle,
O mon pauvre Maître ! Est-ce toi ?
O mon divin ! O mon sacré !
Seul être pudique et fidèle
Où vive encore l’amour de moi !
Oui, me voilà, c’est moi, ton éthérée
C’est moi, ton inconditionnelle, ta sainte !
Et je sens, dans le parfait infini
De ton esprit d’or qui m’inonde
Le génie tomber dans mon cerveau :
Comme il fait beau ce matin !
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyDim 15 Mai - 18:42

Si l’on prend la ligne trois –ou la deux, ou la une- du tram on peut aller au centre ; descendre à Commerce et marcher les deux cents mètres qui séparent la place du Commerce de celle du Bouffay. Sur cette place où étaient placé l’échafaud et la prison au XVIIème beaucoup de protestants nantais y trouvèrent la mort, des fois dans des circonstances qui font rire, comme ce fut le cas de M. de Chalais : ses amis enlevèrent le bourreau habituel la veille de son exécution, pendant la nuit, pour gagner du temps et peut-être obtenir sa grâce. On a donc trouvé un autre bourreau, un cordonnier qui devait être pendu trois jours plus tard et qui n’a pas hésité à accepter cette désagréable mission en échange de la vie. Mais malheureusement pour le condamné, Monsieur le cordonnier avait passé son existence à manier des chaussures et non des épées : le premier coup fit seulement tomber Chalais sur l’échafaud ; le bourreau lui en donna quatre autres au bout desquels le malheureux s’écria : Jésus Marie ! Ce fut sa dernière parole mais pas le dernier coup puisque sa tête n’était pas encore séparée du tronc. Le bourreau improvisé en donna vingt-neuf coups avant d’achever son œuvre. Mais le plus ironique dans cette histoire c’est que M. de Chalais en arrivant sur l’échafaud avait prié gentiment le bourreau de ne point le faire languir.

Aujourd’hui sur la place du Bouffay il y a des terrasses de café. Il y en a tellement qu’on a l’embarras du choix : avec des chaises en bois, des chaises en plastique, des chaises vertes, rouges, moitié vertes moitié rouges, des bancs, même des tables avec des décorations en céramique multicolore. Près de la plaque qui rappelle aux passants le passé moyenâgeux de la Place, il y a une fontaine où je n’ai jamais vu couler de l’eau, à droite, des chênes centenaires à en croire leurs apparences et sous leurs ombres, des chaises en plastique blanc, les plus ordinaires de toute la place. C’est sur une de ses chaises que Jennifer m’attendait, buvant une bière blanche. A 14h00 au mois de mai avec le réchauffement climatique boire une bière à l’ombre d’un chaîne où l’on pouvait entendre il y a très longtemps les cris de douleur des condamnés à mort peut être un vrai plaisir. Je fais la remarque à Jennifer. Elle la trouve pertinente, au moins c’est ce qu’elle dit. Puis elle me demande comment s’était passée ma soirée pour célébrer la mort du pape. Je commence par lui décrire ma robe : une robe superbe, très serrée mais qui laissait passer l’air à travers de faux pois couleur chair qui étaient en réalité de trous. La lumière artificielle pénétrait aussi par ces fenêtres minuscules. La brise du soir, les rayons jaunes, les regards de curieux, tous ces détails me laissaient comprendre que ma robe n’était pas du tout une pièce dépourvue d’originalité. Sa longueur s’arrêtait au niveau de chevilles. Mes chevilles étaient resplendissantes. Mais il y avait un problème au moment de m’asseoir : les faux pois se dilataient car la robe était confectionnée en elasthène. Ce tissu peut s’élargir énormément et laisser voir le bout d’un sein ou laisser sortir un poil inesthétique ou une verrue. Sa couleur était rouge. Quand j’avais besoin d’un autre verre je traversais le vaste salon et tous les regards d’hommes et de femmes confondus se réveillaient pour admirer ma robe et j’en suis sûre qu’il y en avait plus d’une qui prenaient note mentalement pour se faire confectionner un prodige pareil.

-pas du tout inhibée, cette Carmen -remarqua Jennifer, pour mettre fin à une description qui commençait à la faire chier.
-il faut pas croire –dis-je-. En réalité je suis exhibitionniste mais aussi timide.
Je n’ai pas voulu donner des explications sur cette contradiction parce que je savais que jenniffer d’une part n’allait pas suivre, et d’une autre, elle s’en foutait complètement. J’ai enchaîné donc avec la description des autres membres. Il y avait Christelle déguisée en Nana, ce n’est pas parce qu’il s’agit d’une rivale mais elle n’était pas terrible, trop blanche, les yeux éteints, un peu ronde, je payerais pas pour baiser avec cette Nana. Et en plus, elle n’a même pas fait d’effort pour paraître vulgaire.
-et les mecs ? –demanda Jennifer, dont la patience clignotait.
Il y avait Cédric déguisé en Sade, pas mal ce garçon, il a un regard qui trahit ses plus profondes pensées, il me déshabillait avec le regard. J’adore ça. Mais dès que sa femme approchait, avec son ruban noir au cou (je sais pas comment s’appelle ce truc ridicule) il s’empressait à me rhabiller, comme si l’on péchait en pensée, ça sert à quoi d’être mécréant, alors ? L’autre gars j’oublie toujours son prénom, il voulait se déguiser en Buñuel mais il ne savait pas trop comment, il a juste mis un t-shirt blanc sur lequel on pouvait lire, en rouge : je suis Buñuel. Inventif, le gars sans prénom. Si j’y avais pensé, je me serais présenté toute nue : je suis moi-même à Blaise Pornic…
-on prend un autre verre ? -proposai-je, la gorge un peu sèche.
Et on appelle le garçon, svelte, bien proportionné, sportif sans doute, dont le jean moulant me disait qu’il ne fallait pas que je regrette d’avoir mis ma robe.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyDim 15 Mai - 18:48

Séraphin m’a quitté, il veut devenir sécuriste. Il suit une formation à Rennes, ce n’est pas loin Rennes. Je préfèrerais qu’il soit au pôle nord menant une expédition archéologique. Puisqu’il me quitte autant le faire pour quelque chose d’intéressant. Je deviens laide et acariâtre, c’est normal, sans majordome je suis perdue. Aussi perdue que les chevaux d’Achille après la mort de Patrocle. Je suis incapable d’enlever mes chaussures ou de réchauffer mon lait le matin. Et que dire de mes masturbations ? Sans apport idéologique je n’y arrive pas. Je dépense de montagnes d’argent en piles mais je n’y arrive toujours pas, ce serait mieux de lui proposer une augmentation de salaire. Pourvu qu’il accepte :

-allôôôô ?
-(je pique une crise de fou rire, ça doit être nerveux)
-pourquoi tu m’appelles dans cet état ?
-je n’ai rien fumé je te le jure sur les cendres de ma mère
-elle est morte, ta mère ?
-pas encore… si elle m’entend…
-si c’est pour me proposer une augmentation de salaire, ne te fatigue pas, j’adore ce métier
-elle s’appelle comment la formatrice ?
-Jeanne
-Jeanne comme Jeanne la folle ?
-Jeanne…comme Jeanne, quoi.
-on t’apprend un peu d’histoire aussi ou juste à sauver des gens ?
-bon, je te vois venir avec une disserte sur les rois catholiques, tu augmentes de combien ?
-si tu acceptes d’entendre ma disserte, le double, sinon, le quart de ton salaire
-vas-y, j’ai mis le casque
-t’écoutes quoi ?
-du Bach
-du Bach, toi ? (J’ai l’air étonné)
-ça me manquait, tu sais, ici les gens sont un peu ignorants
-t’attends quoi pour prendre le train ? Si c’est à cause de la disserte tu pourras l’entendre à la maison, en préparant le repas
-j’arrive
-dépêche-toi, manger tard ça me donne de cauchemars
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyMar 17 Mai - 23:20

Je voulais envoyer ce mail à ce p’tit pervers d’homme de terre mais j’ose pas. Je deviens chaste dès qu’il fait beau. Je vais le mettre là, de toutes façons ça fait un moment que ce journal est devenu un fourre-tout. Je ne respecte pas le pacte avec le lecteur mais comme il n’y a que 10 personnes qui me lisent, c’est pas très grave.

Mail : oh… quelle est belle ta queue! tu sais je m’avais fait l’idée que tu avais une toute petite bite et que, complexé, tu ne voulais pas me la montrer. Elle est aussi belle qu’une bête sauvage, je ferais n’importe quoi pour en avoir une comme ça chez moi.

Voilà un bon point de départ pour une prochaine masturbation, merci mon ange. Et puisque le sujet t’intéresse, quand je m’adonne trop aux plaisirs solitaires, ça saigne. Avant hier j’avais tellement mal que je pouvais pas marcher débout. Il a fallu que je renonce à marcher : comment aurais-je pu marcher autrement que débout ? D’autres fois j’arrive pas à marcher normalement, il faut que j’écarte beaucoup les jambes pour que les cuisses ne se touchent pas. Lorsqu’elles se touchent c’est très douloureux.

Dis-moi, beauté, tu me donnes la permission de télécharger ta bête ?
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyMar 17 Mai - 23:22

Il y avait trop de frites et très peu de riz, pourtant je demande toujours moitié moitié, quant au steak il ressemblait à la semelle d’une chaussure d’enfant ; je regardai à droite, à gauche, partout il y avait du monde. Finalement au fond d’une salle je réussis à trouver une table inoccupée sur laquelle je posai mon plateau, indifférente : « elle est déjà froide mon assiette, mais je ne vais pas la réchauffer. »
Je pris mon bol de salade. « Allons nous mettre un peu de sauce. »
Je marchais lentement mais avec confiance : je connaissais le chemin. Quand je poussai sans haine le récipient pour qu’il expulse un long jet de sauce salade sur une feuille de laitue, un gars qui regardait attentivement l’opération me dit que ce n’était pas de la sauce mais de la moutarde. « Pourquoi ne pas le dire avant ? » pensai-je, tout en regardant la moutarde avec méfiance. Il rajouta pour me convaincre :
« Il m’est arrivé la même chose. Va demander qu’on te le change. »
Ça m’érotise quand les hommes me donnent des ordres, surtout si ce sont des inconnus : « merci. » s’il m’avait prévenu au lieu de me regarder avec des yeux de mouton le temps de gâcher un bol de salade je lui aurais dit « merci beaucoup » ou « merci bien » voire « mille merci » mais comme il ne me le dit que trop tard il n’eut le droit qu’à un substantif tout seul.
Il y avait beaucoup d’espace à traverser avant de trouver l’endroit où l’on encaisse les tickets :
« Il y a de la moutarde dans le récipient de la sauce salade » dis-je à la grosse dame assise devant la caisse, en lui plaçant la preuve sous le nez. Elle regarda le bol avec la même indifférence que j’avais posé mon plateau sur la table quelques minutes auparavant. Un monsieur qui nous écoutait m’arracha le bol de la main :
« Prends-en un autre »
La grosse réagit au moment où je m’éloignais le nouveau bol à la main, haut le menton, fière d’avoir mené cette entreprise à bien :
« C’était où ? »
« Là-bas, au fond » répondis-je en regardant vers l’endroit où se trouvait le récipient fautif. Quand ma tête tourna vers l’autre côté mes yeux tombèrent sur ceux de…. Mes lèvres se décollèrent à une grande vitesse pour permettre la sortie des mots :
« Tu es tout seul ? »
« Oui. »
Ma proposition tarda moins d’un demi seconde à être prononcée :
« Je peux déjeuner avec toi ? »
Il réagit très vite aussi :
« T’es où ? »
Son regard fixa le bol que je tenais de mes deux mains. « Il y avait de la moutarde dans la sauce salade » expliquai-je. « Je vais chercher mon plateau. »
Je marchai beaucoup avant de retrouver ma table : toutes les tables se ressemblent. Mais il n’était pas question de se mettre à regretter cette marche car elle avait un but beaucoup plus alléchant que celui qui avait motivé mon déplacement dans le sens inverse. J’avais envie de courir mais ça aurait été mal vu.
Il m’attendait à l’entrée de l’autre salle, un peu plus sombre que celle où je m’étais installée la première fois mais avec des tables et des chaises exactement pareilles. Nous nous assîmes l’un en face de l’autre et je me mis à lui poser des questions banales mais dont les réponses m’intéressaient particulièrement. Il venait de Mars mais ça ne le plaisait pas. Il trouvait que la Terre n’était pas mal. Il ne savait pas où il irait après, il n’avait aucune idée là-dessus. La Terre était mieux que Mars mais elle finirait pour l’ennuyer aussi, il finissait pour s’ennuyer dans tous les endroits par où il passait. Il ne regrettait rien, il avait prit l’habitude. Il ne m’interrogeait pas. Peut-être parce qu’il avait très faim ou parce qu’il était fatigué du voyage. Bref, je ne veux pas imaginer que c’était par désintérêt.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyDim 22 Mai - 19:28

De mes cours de linguistique guillaumienne j’ai retenu 2 choses :
-le futur devient toujours du passé mais le passé ne devient jamais du futur.
-on ne peut être ailleurs que dans le présent.

Et après la prof se plaint qu’il y a de moins en moins d’étudiants qui s’intéressent à la recherche dans ce domaine.

De moi-même je retiens 2 choses aussi :
-Quand je fais l’acte d’amour, je jouis.
-Quand je ne le fais pas, je jouis deux fois plus fort.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyDim 22 Mai - 19:38

Je voudrais que ma tête parle d’un côté pendant que mon corps se trouve d’un autre côté, silencieux. Ou bien que ma tête parle à côté de moi où je puisse la voir sans l’entendre. Ou bien que ma tête parle dans le corps de quelqu’un d’autre, même si je n’arrive pas à la voir à l’œil nu, encore moins l’entendre. Ou bien que mon corps puisse marcher sans ma tête et sans avoir à se demander où elle est ni avec qui ni à quelle distance. Mais dans tous les cas, il ne faut pas qu’elle s’arrête de parler.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyDim 22 Mai - 19:40

Je trouve hypocrite la question de Breton « pourquoi écrivez-vous » car il devait savoir très bien que ceux qui écrivent veulent être admirés. Et toutes les autres motivations sont secondaires, qu’ils soient bons ou médiocres.

Par contre, je ne suis pas sûre que cette question soit de Breton.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyDim 22 Mai - 19:45

Je constate avec amertume que Philippe ne méritait pas que je me casse la tête pour lui offrir de nouvelles formes littéraires. Adieu tous mes efforts poétiques. Adieu le pseudo haïku intégré. Même les égratignures que je lui fessais après avoir bien salivé ma langue, pour lui en faire de jolies, il ne les méritait pas.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyJeu 26 Mai - 15:48

Si j’avais écrit 2000 mots pour m’expliquer quelque chose de simple mais que je rendrais compliqué par le choix de mots, les tournures de phrases, les ellipses voulues ou pas, à la fin, juste pour me démontrer que je suis capable de faire ce qu’on me demande, que si je ne le fais pas c’est parce que je ne veux pas, si j’avais écrit ce long texte dont je parle et que je n’écrirai pas, parce que ce que je veux c’est juste parler, à la fin, j’aurais résumé ainsi :

Ce qu’il faut retenir :
- une femme qui pense va forcément penser au cul
- une femme qui pense au cul ne diffère en rien d’un homme
- ce qui différencie les hommes des femmes c’est la capacité de penser et non le contenu de ces pensées. Lorsque pensée il y a, le contenue est identique.

Mais au fond mon problème c’est JY, le cul, les femmes, les hommes je m’en fous éperdument. Mais JY est trop délicat, trop raffiné, trop français, ça m’agace. Pourtant il ne manque pas de spontanéité, de sincérité, au contraire il est tout ça à la fois. Je crois que je viens de me rendre compte qu’il est intéressant. Je l’avais sous-estimé et je m’en veux. Si je me sens en danger aujourd’hui c’est bel et bien de ma faute. Pour qu’il n’y ait plus ce genre de problèmes il suffirait de me regarder moins et de regarder plus les autres surtout les gens qui m’attirent: pourquoi ils m’attirent ? Forcément parce qu’ils sont intéressants sinon ils ne m’attireraient pas. C’est incroyable comme je suis lente.

Sinon parler de toutes ces choses en public, même s’il n’y a que 10 personnes qui me lisent (pourtant l’autre jour il y avait 95 personnes en ligne…) je trouve ça vraiment répugnant.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptySam 28 Mai - 20:35

Je suis très occupée. Je viens de traduire les premières 8 lettres de Sénèque à Lucilius, quelle plume ce Sénèque ! c’est comme si j’avais devant moi le visage de Pompée, rougissant à cause de la timidité. J’ai fait aussi le ménage et la cuisine : des pennes all’arrabbiata, le nom impressionne mais il s’agit juste des pâtes, des tomates et des épices : un oignon, trois gousses d’ail, une cuillère à café de piments et deux cuillères à soupe de persil ciselé. Il est très important de ne pas se tromper de cuillère.

Hier j’ai fini de lire Nouvelles de Pétersbourg, je préfère de loin Les âmes mortes. Mais dans tous les cas, il n’y a pas de raisons suffisantes pour que je puisse affirmer que moi aussi je pourrais sortir du « Manteau » de Gogol.

P.S : Il n’y avait pas de cadeau initiatique, la mouche m’a menti. Il faut être vraiment conne pour atteindre pendant 3 semaines qu’il arrive un truc qui a été annoncé par une mouche.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyMer 1 Juin - 11:20

Je regarde les hommes avec une telle avidité qu’on dirait que ça fait 4 mois que je ne baise pas. Mais il ne faut pas se fier des apparences. C’est une vieille leçon, j’en conviens, mais elle n’a pas encore été apprise. Comme si l’humanité était faite de redoublants.

Au passage, ça me suscite un sourire méchant lorsque je vois les copines en train de réviser pour la session de rattrapages alors qu’il fait si beau dehors, qu’on est si bien au bord de la mer, sur une terrasse en buvant un whisky avec plein de glaçons qui fondent. Quand je les ai au téléphone je profite pour leur raconter tout ça. L’effet que ça produit ! Je me sens haïe, vraiment haïe. Parce que les gens heureux sont haïs.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyMer 1 Juin - 11:22

Aujourd’hui j’ai ressenti une inquiétude métaphysique qui m’a révélé l’absurdité de ma vie. Ça s’est passé en moins d’une seconde. Première réaction : me coller des patches oranges un peu partout : sur mes joues, sur mes fesses, sur mes pieds. J’ai pris ma boîte magique et me suis confortablement allongée sur le lit. Alors une sonnerie m’a sortie de mes noires pensées. C’était ma sœur au bout du fil. Après avoir raccroché j’ai rangé la boîte au patches de morphine et réfléchi : c’est absurde à quel point il est fragile le fil qui nous tient à la existence.

Quelques heures plus tard j’ai cassé la fermeture de mon pantacourt préféré.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptySam 4 Juin - 21:17

Je suis déçue de JY : il a voté oui, j’ai voté non, bien évidemment. Ce référendum m’a ouvert donc les yeux : c’est de sa faute si Nantes était pour le oui, il n’est qu’un petit bourgeois professions libérales intellectuellement limité et ce n’est pas par hasard s’il n’a pas répondu à mon premier mail (et le dernier) où je m’amusais à pasticher la carnavalisation en littérature… Voilà le pire, il est insensible aux mots écrits, les plus importants. Certes, mon mail était particulièrement dégoûtant et je manque de talent, mais si ça avait été différent, je veux dire mieux écrit et pas du tout choquant le résultat aurait été le même. Parce qu’il est con. Il est intéressant mais con. Un pur produit français, pourtant j’adore les français mais cette race-là, elle est universelle.

Il ne me reste donc qu’à penser à mon prof de civi. J’espère que celui-là ne me décevra pas. Après l’exam je suis restée un peu, on a parlé de définitions : dictature, césarisme, totalitarisme, populisme… Il s’amuse à affirmer le contraire de tout ce que je dis alors que je ne fais que répéter ce qu’il dit en cours… c’est un provocateur. J’aime ça mais comment faire pour savoir s’il est vrai que Proust l’endort ?
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyMar 7 Juin - 21:47

Nous avons volé des livres dans un magasin, je la nommerai pas, l’autre voleuse : on ne sait jamais, peut-être qu’il y a des flics qui s’intéressent au surréalisme. Quant à mon propre sort je ne m’inquiète pas, il suffira de dire qu’il s’agit d’un journal imaginaire. En lui racontant ma vie, la vraie, je convaincrai la police qu’avec une telle existence on n’a pas le choix : on imagine ou on meurt d’ennui. Voyez, chers messieurs, mon parcours depuis toute petite : enfance solitaire dans une campagne paumée où les mois s’écoulaient sans qu’on voit un autre humain à part les parents, ce qui poussait logiquement à parler aux poules, chats, oiseaux, fourmis, et autres habitants du coin ; adolescence sous la dictature où il y avait des humains à qui parler mais il fallait le faire en chuchotant, on ne pouvait pas parler de tout ce qu’on voulait ni avec tout le monde, ce qui poussait logiquement à s’enfermer jour et nuit dans les salles de cinéma ; jeunesse à Nantes où les gens reculent quand on les approche comme s’ils se disaient qu’est-ce qu’elle veut, celle-là ? Rien de coûteux, madame, je cherche la rue Copernic. Ce qui pousse logiquement à voler de bouquins, vous me comprenez maintenant, chers messieurs ?
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyJeu 23 Juin - 0:15

En ce moment je ne peux que composer des poèmes en italien, que je ne traduis même pas, par paresse. Comment expliquer cette avalanche italienne ? Je ne lis plus en cette langue, je ne connais aucun ressortissant de cette république, en revanche je mange beaucoup de spaghettis et j’ai très envie d’aller à Rome.

Sinon, j’ai rêvé que j’avais un cancer du sein, on allait m’opérer. Sur la table d’opération je me suis rendu compte qu’avant cet incident j’étais heureuse, mais je ne le savais pas. Demain je prendrai rendez-vous pour un dépistage, mais vu mon âge et les antécédents je risque plutôt une schizophrénie.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyJeu 23 Juin - 0:16

Je n’ai rien à raconter, ce soir je me fais chier. Et comble de malheurs, Philippe a éteint son portable. Il doit être en train de baiser.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyJeu 23 Juin - 0:18

Pour ne pas me faire chier comme hier aujourd’hui je compose de superbes opus en italien, ce qui pourrait être considéré comme la suite et la fin de ceux d’avant-hier. J’essaye d’imiter les vers de la divine comédie côté enfer mais les miens sont beaucoup plus courts. Je fais des efforts pour les élargir mais je n’arrive toujours pas, que faire ? Je n’en sais rien, cette difficulté est inédite. Je devrais les laisser courts tels qu’ils sortent de la peau de mon âme raccourcie par les chagrins, mais alors ils ne ressembleront pas à ceux de Dante. Et des vers qui ressemblent à mes vers je n’en veux pas, ça m’ennuie c’est toujours pareil. Demain je vais écrire en anglais. Imiter Byron ça devrait me dépayser.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyJeu 23 Juin - 0:19

Pour célébrer que le rêve du cancer du sein ne soit pas devenu une réalité j’ai traduit cet opus que j’avais préalablement écrit en espagnol (au dernier moment Byron n’a pas réussi à m’inspirer, pas assez gai)


À quoi bon tous ces dithyrambes ?
Tous les jours sans le faire exprès je me réveille
Je ne bois pas pour oublier, mais je bois quand même
Je ne travaille pas pour boire, mais il faut que je respire
Sans percevoir que le temps s’écoule
Tous les jours.

Sans croire en dieu ou parce que j’y crois beaucoup
Quelque chose qui échappe à mes désirs
Des rois couronnés et des révolutions
Difficile à comprendre.

Le sang de mon corps coule
O, lueurs,
Devant la fureur de mon utérus
Incapable de chérir mes ovules
D’arracher mon cœur aux dinosaures du passé
Face à l’aurore que, comme un sourire me signale
Le pourpre et la nuit même les assassins et les amants
M’ont oublié. Je souffre : ce sont les mêmes.


Insatisfaite du résultat j’ai fait une autre version :


Pour quoi je bois tous ces verres de whisky ?
Je me suis habituée je me saoule la gueule mais je ne suis pas
Une alcoolique, ô non, ça me fait rien, l’alcool.
Je bois parce que je suis heureuse, je bois à la vie
Je bois à l’amour, à l’été, aux rhinocéros d’Ionesco.
Je vois que boire ne me fait aucun effet
Je me suis habituée.

Sans boire ou après avoir bu peu importe
Le bonheur est toujours parfait et mes désirs
Des verges filantes et des jambes sculptées
Se noient ou ne se noient pas dans la mer ambrée.

L’allégresse dans mon sang circule,
Cou et lèvres de saint Bacchus m’absorbent
Langue dans la bouche bouclée comme un impasse
Avant de frapper à la porte du docteur :
Monsieur, s’il vous plaît, touchez mes seins attentivement.
Devant la mort ou devant la vie, je reste toujours ivre,
Ivre de vie et de mort, le jour et la nuit me connaissent peu.
Je mouille. C’est la première fois. Avec ce médecin, je veux dire.



Toujours insatisfaite j’ai fait un autre essai :



Plus de trois mille verres
Coulent dans mes veines rieuses
Coulent, coulent sans s’arrêter
Et nous devant toute cette ivresse
Nous attendons une mystérieuse récompense.

Paresseux, tranquilles, oubliés
Du corps et du sang
Etres sans veines, sans âmes
Etrangers ?
Un whisky. Un whisky.

Coulent les verres sur la route du sang
Ils montent, ils descendent jusqu’à l’utérus
L’ovule se noie dans les cercles bleus
Ce point obscurément irrésistible
Parce qu’il a accueilli, trois
Mille fois
La douleur du désir.

Eau, non, non
Non,
Non, non, non…je veux du whisky !
Et je m’endors jusqu'à l’humidité
Et en rêves je me lave
Jusqu’à la résurrection du corps.



Toujours insatisfaite j’essaye une dernière fois :


C’est fini l’ivresse, le sang perturbé
Et le cerveau disloqué
Fini tous les bonheurs
Du cancer de la voisine,
Bientôt,
Telle une amazone
Elle n’aura qu’un sein.
Elle s’appelle comment, la voisine ?
Je ne sais pas, elle n’aura qu’un sein.
Et je ressens de l’alcool
L’allégresse, ô, quelle récompense !
Ce n’était pas vrai, ça ne finira jamais
Cette ivresse.

Soulagée, heureuse, alcoolisée
Sans rien à souffler à part
Les pétales des jacinthes
Buveuses sans veines,
Sans réveil, sans nuit,
Rien à boire, à part un whisky.

Naviguent dans mon lit
Les gouttes de la saveur
Elles deviennent plus liquides
Je suis douce : je suis ivre, ivre d’abîmes
De la force de ses yeux
Ces cercles profondément méchants
Qui m’encerclent et trois mille
Verres de lait épais
Ne sauvent pas mon malaise.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyJeu 23 Juin - 0:23

J’ai vu pour la dernière fois le regard vert de Benjamin. Un regard inoubliable dans un être adorable et ludique, non seulement par son âge mais aussi par nature, par intelligence. Jusqu’à la dernière minute, il a bien voulu jouer à ce jeu auquel nous nous avions adonnés intuitivement : c’était lui l’adulte, et moi, la petite fille. Là je revois ses petites phrases, je les ressasse : « je trouve que tu te couvres trop…» il m’avait dit ça en me donnant ma veste, et non un manteau, pourtant il faisait froid, que voulait-il, que je vienne en soutiens-gorge ? Pour seule réponse je lui avait dit « ah, bon…», toute embarrassée…

Un autre jour, il avait fait de bêtises à l’école, une inondation en salle de sport qu’il a dû essuyer à l’éponge parce qu’il n’y avait pas de serpillière. En l’attendant, j’ai regardé sa bibliothèque, j’ai caressé la couverture de ses livres, j’ai feuilleté quelques uns, comme cette trilogie de Weber, c’est marrant, cet auteur fait comme mon cher Jules Verne : il ne perd pas l’occasion d’instruire… par ci par là il insère des pages encyclopédiques. En entrant, Benjamin m’avait dit : « tu regardes ma littérature ? »… et j’étais tellement charmée par ses mots que j’ai oublié de lui demander s’il lisait ces pages didactiques ou s’il les sautait.

Un autre jour, j’avais un sacré coup de barre, je lui avais avoué que j’avais fait la fête et pas du tout dormi : « pour une fois que c’est pas moi qui est fatigué… tu veux un thé ?…combien de sucre ?… je peux te le sucrer au miel si tu préfères… » Ah, Benjamin… il faut être moi pour se laisser faire par un môme de 13 ans et demi. On dirait que j’aime ça… « Non, pas comme ça : ‘agenouillé’… (Sourires), non, écoute-moi bien, ‘a-ge-nou-illé’… encore… je vais te donner des cours de français… » il ne me manquait plus que ça.

Pour noyer ma nostalgie, ce soir je vais me bourrer la gueule en son nom. Benjamin. C’est mieux que lui écrire des poèmes médiocres qu’il ne lira jamais.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyJeu 23 Juin - 0:26

J’ai vu pour la dernière fois le regard vert de Benjamin. Un regard inoubliable dans un être adorable et ludique, non seulement par son âge mais aussi par nature, par intelligence. Jusqu’à la dernière minute, il a bien voulu jouer à ce jeu auquel nous nous avions adonnés intuitivement : c’était lui l’adulte, et moi, la petite fille. Là je revois ses petites phrases, je les ressasse : « je trouve que tu te couvres trop…» il m’avait dit ça en me donnant ma veste, et non un manteau, pourtant il faisait froid, que voulait-il, que je vienne en soutiens-gorge ? Pour seule réponse je lui avait dit « ah, bon…», toute embarrassée…

Un autre jour, il avait fait de bêtises à l’école, une inondation en salle de sport qu’il a dû essuyer à l’éponge parce qu’il n’y avait pas de serpillière. En l’attendant, j’ai regardé sa bibliothèque, j’ai caressé la couverture de ses livres, j’ai feuilleté quelques uns, comme cette trilogie de Weber, c’est marrant, cet auteur fait comme mon cher Jules Verne : il ne perd pas l’occasion d’instruire… par ci par là il insère des pages encyclopédiques. En entrant, Benjamin m’avait dit : « tu regardes ma littérature ? »… et j’étais tellement charmée par ses mots que j’ai oublié de lui demander s’il lisait ces pages didactiques ou s’il les sautait.

Un autre jour, j’avais un sacré coup de barre, je lui avais avoué que j’avais fait la fête et pas du tout dormi : « pour une fois que c’est pas moi qui est fatigué… tu veux un thé ?…combien de sucre ?… je peux te le sucrer au miel si tu préfères… » Ah, Benjamin… il faut être moi pour se laisser faire par un môme de 13 ans et demi. On dirait que j’aime ça… « Non, pas comme ça : ‘agenouillé’… (Sourires), non, écoute-moi bien, ‘a-ge-nou-illé’… encore… je vais te donner des cours de français… » il ne me manquait plus que ça.

Pour noyer ma nostalgie, ce soir je vais me bourrer la gueule en son nom. Benjamin. C’est mieux que de lui écrire des poèmes médiocres qu’il ne lira jamais.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyVen 24 Juin - 22:35

Ça fait un bien, mais un bien fou que d’être et revivre en Week-end, bienvenu donc le samedi et fêtons ensuite, émerveillés, ravis, l’avènement - sans avoir rien demandé- d’un dimanche festif, populaire et musical à Trentemoult. C’est ce que je compte faire même fatiguée car travailler et se faire exploiter, mine de rien, ça fatigue. Mais je suis tellement heureuse le 15 lorsque arrive la salutaire somme d’argent ! Qu’il s’impose une exclamation malgré que les week-ends tant attendus vont s’envoler comme tous les bons moments… mais arrêtons les pensées pessimistes, puisqu’il n’est pas encore commencé, ce dimanche inoubliable, endiablé, à Trentemoult où déambuleront neuf fanfares se dirigeant sans hâte vers les rives de la Loire, comme on prend et reprend une délicieuse douche au cœur torride de l’été : avec plaisir. Il faut faire durer le plaisir autant que possible. Il ne faut pas lui poser la question mais le retenir par n’importe quel moyen étant la tricherie un de plus efficaces. On s’en fout de la loyauté, envers qui d’ailleurs ? On est toujours seul. La moral d’autrui n’est pas la mienne, regarder et écouter ces superbes trompettes, admirer ces douces et harmonieuses bassophones, voilà mon seul souci. A en croire Jennifer, je ne suis pas un modèle de vertu… est-ce que ça se mange, la vertu ? Même pas froide …
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyVen 24 Juin - 22:36

Une randonnée cyclotouriste est organisée au bon endroit ! C’est-à-dire, Nantes la belle. Je suis arrivée jusqu’au point du départ pédalant comme une nerveuse fourmi de l’hiver qui craint et tremble devant la fâcheuse tombée du jour : j’ai pédalé comme une fourmi vole chez elle. Angoissée, pleine de vie, je me suis inscrite sur place. Il y avait un monde fou ! Mais j’adore les attentes collectives. Ensuite j’ai emprunté le parcours VTT dans la joie et la bonne ambiance. Pédalant devant moi, un svelte garçon suivi de son chien tenu en laisse, ce qui me permettait de regarder son derrière sans être vue : on aurait dit une souris qui court pour atteindre son bout de fromage ! Nous sommes arrivés ensemble à la fin de la manifestation et là je l’ai eue, mon exquise récompense, le gars m’a dit : « je peux t’inviter à prendre un café ? » dans ma tête au cerveau bouillonnant par la chaleur, cette invitation propulsa de rapides et peu religieuses pensées du type: « tu peux m’inviter à tout ce que tu veux je ne refuserai rien ni à tes reins ni à tes fesses qui ont bougé devant mes attentifs yeux et ma bouche la pauvre a salivé pendant une matinée entière en effet tu étais suivi par deux chiennes ma langue tâchée de vin aurait voulu sortir de ma cavité buccale pour te lécher le soupirail merdique mais elle peut toujours bien finir cette randonnée … » je lui ai répondu : « avec plaisir. »
Le chien et les vélos nous attendaient dehors. Mignon, le garçon aux yeux d’algue nutritive me scrutait. Discrète, je faisais de même. La conversation nous enveloppait comme un velours sans manteau, comme la peau d’une pomme mangée par les vers à même le sol :
- tu sais tu ferais une jolie femme enceinte.
- Ah, si tu savais comme je les trouve ridicules, les femmes enceintes !
- Pourquoi ? certaines sont très belles grâce à cette superbe preuve d’amour.
- j’aurais honte de me laisser enlaidir de la sorte par un homme puis c’est irréversible, un enfant. Même si tu quittes le père, le fils sera toujours là, pour te le rappeler.
- C’est ça l’amour, renoncer à la liberté pour toujours.
- L’amour aussi je le trouve ridicule.
- Tu trouves tout ridicule, alors ?
- surtout l’amour et ses conséquences.
- C’est dommage, j’aurais bien aimé te connaître mieux.
- Il fallait pas me rencontrer dans une randonnée mais dans un conte de fées.
- Et si l’on se donne rendez-vous dans La belle au bois dormant ?
- je préférerais qu’on se donne rendez-vous chez toi…
- Ça fait un an et demi que j’ai divorcé et je n’ai pas eu de rapports depuis.
- Et le plus triste, à mon avis, c’est que tu ne sais pas combien de temps il te reste à vivre, un accident de voiture demain, et tout est fini.
- Je n’arrive pas à te cerner.
- Ce n’est pas grave, arriveras-tu à me baiser ?
- …
La nuit, sur mon lit, j’avais mal, très mal aux jambes. L’effort fourni avait été excessif. Mais j’aime tellement les inutiles courses derrière de chastes jeunes hommes que je paye et repaye ce prix, le regard perdu sur le plafond, sans me plaindre. Sauf si l’on considère ce journal comme une plainte éternelle et publique.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyMar 28 Juin - 16:50

Il a dépassé mes expectatives pourtant exorbitantes, mon week-end. Le pique-nique a été un incroyable succès et elle n’avait pas à se plaindre, ma gourmandise, tandis que les chants marins, salés comme autrefois, ont arrosé et noyé mon cœur délicat et peu habitué aux gouttes qui déchirent, c’est-à-dire, les abondantes larmes des marins et des capitaines. J’ai mangé des anguilles, les pauvres, sur des assiettes jetables elles ont dû payer un lourd tribut aux humains. Ainsi va la vie, ce sont toujours les mêmes qui payent. Mais le calme régnait sous les platanes. C’est déjà ça. Et les musiciens satisfaits avaient l’air de vouloir jouer jusqu’au retour du Messie, et le public de même, il me semble qu’il aurait attendu, sans protester, jusqu’à ce que les accords derniers se soient dissipés dans un ciel de trompettes triomphantes, prêt à cracher son bleu sur ce village de caractère. Quand à moi, je faisais partie de ce public docile et ignorant qui ne se serait pas aperçu d’une fausse note, même pas de mille fausses notes mais qui se délectait de la douce chair du poisson. Puis la nuit et les paupières fatiguées ont commencé à tomber sur Trentemoult, comme ils couraient, voir volaient les fourmis retardataires ! Et elles avaient raison d’être prises d’une telle panique : un retard insignifiant pouvait leur coûter la vie. Je ne sais pas, mais j’ai l’impression désagréable que le sort de ces insectes me préoccupe trop. De ces obsessives pensées je devrais peut-être tirer une leçon ou au moins une idée quelconque, ce n’est pas normal ce regard que je porte sur un thème récurrent car il s’agit du regard qui frappe par son froide indifférence. Un regard, ça s’interroge. Et s’il ne veut pas cracher sa sale vérité, la prison devrait l’accueillir, avec son espace exigu, ses mauvaises compagnies et l’activité sodomite non voulue. Le regard que je porte sur le microcosme devrait être au moins à la hauteur de celui que je porte partout, sur un homme en train de vomir, par exemple, rien n’est plus digne d’émotion que ce tendre spectacle. C’est pour ça d’ailleurs que mes yeux de créature en proie toujours d’un inévitable ennui cherchent désespérément les endroits propices à l’ivresse. Car je sais qu’il y a de grandes chances de surprendre un bel homme qui dégueule. Là je vais manger, c’est l’heure.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyMar 28 Juin - 16:52

Et bien non, je ne vais pas oublier de raconter la meilleure partie de mes aventures à Trentemoult : il m’a donné son prodigieux numéro de téléphone ! Ou pour être franche, je le lui ai arraché d’un regard langoureux mais digne… son numéro comporte –je les ai contemplé comme un tableau, un regard ou une autre beauté du genre- dix nombres d’une grâce qui m’a fait pâlir : sur la blancheur de mon visage passionné on pouvait lire sans peine l’enthousiasme du physicien qui crie : eurêka ! Pourtant je n’avais rien trouvé : je m’avais laissé trouver, mais vu que les résultats sont les mêmes on va passer à autre chose : ils se sont animés les sublimes numéros, comme ces histoires que Bradbury narrait dans la pourtant étroite peau d’un homme. Je les ai vu danser d’allégresse puis d’un habile saut le « un » est pénétré dans l’obscurité de mon anus... intrépide ce numéro ! Ce qui n’a pas empêché le « quatre » et le « zéro » de suivre son exemple cette fois-ci à l’intérieur de mon vagin.

La sensation de complétude qui s’ensuivi électrisa mon souffle et effraya mes paupières tandis que mon cœur rivalisait avec celui d’un sportif. Mon bonheur fut parfait dès que les autres nombres vinrent jouer avec ses amis. Extasiée, je n’ai pas du tout redouté de les accueillir tous ensemble dans mon corps : il y a avait de la place, je le savais. Une fois loin du cosmos où mon être avait pu goûter les délices de l’amour collectif une idée traversa puis s’imposa dans mon esprit neuf : il faut absolument que j’appelle ce garçon, que je le rencontre ! Car si ces simples numéros de téléphone m’ont fait connaître tant de merveilles, le heureux propriétaire de l’appareil auquel ils donnaient accès, lui, il pourrait me catapulter à l’innommable. La question était de déterminer dans combien de jours il fallait que je l’appelle : trois ? Quatre ? Cinq ? Six ? Sept ?... et tout à coup, comme s’ils avaient lu dans mes pensées (croyant que je les appelais) les fougueux nombres, tous les dix, commencèrent à me chevaucher à nouveau mais cette fois-ci ils occupèrent tous les orifices libres de mon corps. Quelle orgie ! Et ça dura de longues heures. A la fin, quand ils virent la fatigue de l’amour s’installer dans mes membres ils sortirent de moi, obéissant à un signe fait par le zéro qui devait être le chef de la troupe. Alors je me suis dit que je n’avais aucun besoin de donner ce coup de fil…
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyLun 25 Juil - 19:06

je croyais que le bonheur spectaculaire d’hier allait se reproduire à ma demande. Quelle saine innocence la mienne ! je croyais que les numéros de téléphone, comme le fidèle Aladin, allaient revenir à chaque fois que des désirs d’ordre sexuel mortifieraient ma chair et tirailleraient mon psychisme. Je croyais aux satisfactions éternelles, je croyais, je croyais. Mais à chaque fois mes croyances innocentes tombent d’en haut d’une pyramide construite par mon propre esclavage avec un genre de pierre que j’étais cherché moi-même, toute seule, dans un endroit où personne va chercher des pierres. Serais-je une excentrique ? peu importe, je suis revenue le bateau plein de ces blocs gigantesques, si lourds, que j’ai coulé plusieurs fois mais j’émergeais à nouveau au bout de quelques minutes, quoique quelques pierres en moins. C’est ça d’ailleurs qui est bien dans mes aventures : malgré l’étendue du désastre j’émerge toujours, je perds toujours quelque chose dans le naufrage, mais j’émerge aussi fraîche qu’on pourrait dire qu’il s’agissait du désastre de quelqu’un d’autre. C’est ce que j’ai pris l’habitude d’appeler Le mystère de la pierre pyramidale… mais qui n’est peut-être que la Jeunesse. une fois réinstallée là haut, au sommet du triangle, il me semble que les fourmis laborieuses et le pâturage dans la vallée n’ont jamais existé. Mais revenons aux numéros de téléphone. Le lendemain de mes jouissances répétées, au cours de l’après-midi, je les ai invité cordialement à revenir. Vu qu’ils ne répondaient pas à mon appel, et prise par un incipit d’inquiétude, j’ai appelé au gars qui me les avait donnés. Il se prénommait Albert et portait une boucle d’oreille en or blanc, détail qui peut paraître insignifiant à première vue mais qui s’est révélé d’une incroyable importance aux vues successives… allô ? Allô ? silence huileux dans une mer de plomb… dit prosaïquement, personne n’a répondu. Ni Albert, ni sa mère, ni son voisin, mais il n’y avait pas de raison pour que sa mère ou son voisin répondent car c’était chez Albert que j’ai appelé. Puis j’ai renouvelé l’opération, pendant plusieurs jours, jusqu’à la satiété, jusqu’à ce mardi du mois de juin où une voix rauque m’a dit lentement : « n’appelle plus, tu comprends pas que je veux pas te répondre ? quant aux numéros, ils ont construit une pyramide. » Ironies de la vie… et moi qui ne demandais qu’à abandonner la mienne ! en ce qui concerne la boucle d’oreille d’Albert, j’en parlerais un autre jour, là je vais faire du vélo.
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyLun 25 Juil - 19:08

pour faire l’éloge de mes produits favoris, de ceux dont je ne me lasse jamais, ceux que je peux envoyer au caddie sans aucune réflexion préalable, une idée m’est venue à l’esprit au moment où je regardais le mur blanc qui se trouve devant mon lit : il faut vanter leur mérites dans mon journal tenu en ligne, car mine de rien il y a des jours miraculeux où des centaines de lecteurs passent par là et ne pourront que se dire : « dans tous les domaines, celle-là a du bon goût… !», et en effet, Danone licencie, Danone délocalise, Danone patati, Danone patata, mais qu’est-ce qu’ils sont bons leurs yaourts goût bulgare ! cette crème est tellement onctueuse et subtile qu’il m’arrive de ne pas avoir envie de la manger mais de la contempler comme une de ces photos de Rodolfo Valentino dont le regard à la Philippe fit tomber les nanas comme des mouches… le yaourt Danone, c’est le yaourt qui mène à Dieu via le palais et pourtant avant de le connaître je croyais que la délivrance ne pouvait venir que du pénis ! je ne savais rien à l’époque. heureusement que je me cultive depuis, et mon évolution ne s’arrête pas aux laitages, ah, non, les surgelés Picard ont fait aussi l’objet de mon admiration la plus sincère (bien que les produits frais restent les préférés de mon cœur, la vie moderne n’est pas toujours favorable à leur épanouissement et leur qualité n’efface pas les innombrables inconvénients qui sont inséparables de leur nature profonde) et ce n’est pas parce que leurs steaks hachés sont durs comme une pierre à la plage que la chaleur de la plaque serait incapable de mettre en valeur leur qualité à l’image de l’eau qu’à travers l’érosion fait briller. Jaloux soit le soleil ! parce qu’il est l’indispensable mais non l’unique. ensuite, rasons-nous les jambes avec ces fabuleux rasoirs bic qui ne piquent même pas : nous voilà prêtes pour enfiler la jupette et que nos genoux n’aient rien à envier à l’étoile solitaire ! semble vouloir exclamer je ne sais plus qui. Pour faire fantasmer les garçons, il n’y a rien de mieux : les jambes marchent mais les colombes descendent sur la place sans faire du bruit. Enfin, les dictionnaires Le Robert, c’est les meilleurs, mais pour les bilingues je préfère les Larousse. Non averti il faut l’être, et assez, pour avoir cru qu’à travers ces articles je voulais louer autre que Philippe… qu’est-ce qu’il vient faire là-dedans, à cette heure-ci, encore et encore ? je ne sais pas… mais l’alcool, ah, Dyonisos, sous l’effet de ton liquide sacré tous les autres produits sont bons.
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Ida
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D'ou viens tu : D’un cimetière immense et froid, sans horizon, où gisent, aux lueurs d’un soleil blanc et terne...
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MessageSujet: Re: Ida   Ida EmptyLun 25 Juil - 19:09

Mes inquiétudes renaissent quand la lune est pleine, comme ce jour-là:
- vous, l’anthropologue, le scientifique passionné de réponses, vous me poserez des questions, n’est-ce pas ?, dis-je à l’homme habillé de nuages dès que sa verge montra les symptômes du désir. Mais il ne voulait rien savoir. C’est ainsi que toute seule je me branlai.
Mais aujourd’hui, ce n’est pas du tout pareil. Je ne demande rien et quelquefois, je lis un sonnet de Baudelaire qui me fait adorer le vin et chérir les monologues, ah, ces monologues chéris qui ne sont ridicules qu’en sortant de la bouche de mon frère, de mon voisin, de mon ami:
- je n’ai pas besoin d’être anthropologue, vous savez, pour brûler et converger il suffit d’un verre plein ; la sœur, la voisine, l’amie, elles ont toutes ce point où la rose devient femme (je fais allusion au clitoris, là)
Je ne délirais point en disant ce que je viens de dire, n’est-ce pas Baudelaire ? mais j’étais complètement bourrée, ce qui ne fut pas un obstacle à la connaissance. En effet, j’ai compris intuitivement que la lune et le verre avaient une leçon à me donner, de par leur ressemblance :
- tu devrez observer les faits, énoncer la loi puis vérifier si ton choix était le bon : les idées ou la chair. Quant à tout avoir, laisse tomber. Ça fait longtemps que la philosophie des cratères n’est plus à la mode.
Mais moi, je m’en fous éperdument de la philosophie des cratères ! (j’aime le mot « éperdument. ») Je veux faire deux boucles de l’illusion et de la masse, de la lassitude perpétuelle un projet, de la branlette une fugue, du déclin la fureur et partout, écoutez-moi bien, la lune en phase de disparition et le verre vide, partout je veux faire l’apologie de Dion et les dinosaures, car c’est grâce à ce bel homme qu’on a le système de Platon. Ta gueule, ivrogne. Tu vas faire ce qu’on te dira : ton Platon, on va l’enculer le premier, de la haine on fera des écrits sur la crase, de l’éclosion un dithyrambe, de l’énorme et du fascinant l’émission épaisse des promesses solaires. Va te coucher maintenant.
-merci, dit l’anthropologue l’air très reconnaissant. Merci, j’ai bien éjaculé, ajouta-t-il pour ceux qui n’auraient pas compris.
D’où il sort, l’autre ? personne ne me respecte ici… et par comble des malheurs, j’arrive pas à dormir donc ça ne me sert absolument à rien d’être couchée. Philippe… où es-tu ? j’ai l’impression que mon cou s’allonge… je dois avoir l’air d’une girafe … mais non, ce n’est qu’une impression, ma chérie… touche, tu vois, c’est ça la relativité…
- et de toutes façons, insista l’anthropologue, je pense pas que ça dérangerait Platon de se faire enculer en concret.
Décidément, celui-là ne va pas nous lâcher…
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