L'urine.
J'urinais tranquillement, dans la cuvette qui n'était pas la mienne, sans aucune conviction. Je n'étais ni heureux d'être la, ni forcement mal a l'aise. Seulement, pour la première fois depuis mon histoire drôle, je me suis concentré sur cette eau nauséabonde que je salissais, que je souillais depuis ma plus tendre enfance.
Et la, le miracle. Je me vis, attiré par cette eau, qui ne cessait de m'appeler, pour le rejoindre. La tête me tournais, et mon ventre me faisait mal. Je me voyais, nageant, buvant, pleurant de criant dans cette eau malpropre et toutefois si tendre et si respectueuse avec moi. Avec elle je me sentais en sécurité parce qu'elle était plus sale que les autres. Mais cette saleté, c'est moi qui lui ai offert. Cette saleté, elle vient de mon corps, cette eau sales, c'est une partie de moi, une partie de mon être, qui veut que de nouveau, nous ne refassions plus qu'un.
Seulement voila, l'Homme est mauvais, et je suis un homme. Une fois de plus le syllogisme a raison, et rien ne pourra y faire. La folie destructrice s'empare de moi. Je bouillonne a l'intérieur, j'ai envie d'en finir avec tout ce qui m'entour, peut être même avec moi. Après tout, ce que je m'apprête a faire, n'est pas un crime contre l'humanité, c'est juste un crime contre moi-même, car personne sauf vous et moi ne sera au courant.
Je saisis cette poignée qui, ironie du sort ressemble a une crosse de revolver. Je dois reprendre mon souffle plusieurs fois, avant d'oser manier cet instrument tueur, massacreur, cette arme que tout le monde utilise a tort ou a raison. Allez, encore une inspiration et j'y vais. Un trac, une appréhension extraordinaire s'empare de moi...
Et la, je le fais. Un vacarme épouvantable m'écorche les oreilles. Je vois mon double s'en aller, dans un tourbillon. Je ne le reverrai jamais, ma passion n'aura en fait duré que quelques secondes.